mercredi 6 août 2008

Etude d'Esther 2


A) Circonstances :

Quatre ans s’écoulèrent entre les évènements du chapitre premier et ceux relatés ici dans ce chapitre : Esther 1, 3; 2,16. Quatre ans de silence pendant lesquels :
- d’après l’histoire, Assuérus partit en guerre contre les grecs (bataille de Salamine en 480 av J-C)
- dans le plan de Dieu, les choses se préparent pour qu’au moment voulu celui (Mardochée) et celle (Esther) qu’Il a choisi pour entrer dans Son plan soient prêts.

Les délais de Dieu ne sont jamais des retards, mais des étapes nécessaires à franchir pour la réalisation de Son plan et de Ses desseins. Les évènements qui font la trame de l’histoire ne se produisent pas par hasard, mais ils concourrent à l’accomplissement des projets de Dieu et à l’apparition sur la scène du monde de leurs acteurs essentiels : cp Luc 2,1 à 7. " Seigneur et gouverneur de l’univers, Dieu distribue comme Il veut les figures de l’échiquier de l’histoire : Erich Sauer " dont nous sommes, en tant que Ses serviteurs et Ses servantes, ne l’oublions pas, le centre : Zach 2,12; 1 Chr 16,22; Ps 105,8 à 15

Revenu de la guerre, Assuérus se retrouve seul, sans reine pour gouverner à côté de lui, et pense, sans doute avec un certain regret, à la décision qu’il a prise au sujet de Vasthi : v 1. C'est un piège pour l'homme, dit le livre des proverbes, que de prendre à la légère un engagement sacré, et de ne réfléchir qu'après avoir fait un voeu : Prov 20,25. Assuérus comme d’autres après lui (cf Hérode : Mat 14,9) en fait ici l’amère expérience. Les jeunes gens qui se trouvent à côté de lui ne le laissent cependant pas se morfondre longtemps dans la nostalgie et le regret de son passé. Anticipant l’avenir, ils lui proposent au contraire de regarder les perspectives nouvelles et heureuses qui s’ouvrent devant lui dans la situation.

Combien nous avons ici à apprendre d’eux ! Nos situations d’échec ne sont jamais dans le plan de Dieu des voies sans issue où se terminerait notre marche avec Lui. Au contraire, elles sont, par Sa capacité dans Sa grâce de changer le mal en bien : Gen 50,20 souvent l’instrument dont Il se sert pour atteindre justement Son but. " Il est frappant, dit Packer (Connaître Dieu) de constater combien de fois la Bible évoque les erreurs commises par les hommes de Dieu et le châtiment que Dieu leur a infligé : Abraham et Ismaël; Moïse et le meurtre de l’égyptien; David et Bath-Shéba ou les frères de Joseph avec lui. Ce qui est remarquable cependant, c’est que dans aucun de ces cas l’histoire ne se termine avec la faute de l’homme et le courroux de Dieu. De nos pires folies, Dieu peut faire sortir du bien. "

Apprenons donc dans nos échecs, non à regarder en arrière et à nous plaindre de notre sort. Mais, avec la force que nous donne la grâce de Dieu pour nous relever, tendons au contraire vers ce qui est devant, courant de nouveau vers le but qui est le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ : Phil 3,13-14. Ne nous condamnons pas inutilement quand Dieu ne nous condamne plus !

B) Le choix d’Esther :

Le concours de beauté lancé, les deux personnages principaux de l’histoire, tous deux membres du peuple de Dieu en exil : v 6, font leur apparition : Mardochée et Esther. Qui étaient-ils ?

1) Mardochée :

a) son origine : il était descendant d’une des familles les plus illustres en Israël : 2,5 fils de Chimeï, ennemi de David et parent de Saül, 1er roi d’Israël : 2 Sam 16,5. Une origine qui a son importance puisqu’elle se heurtera, comme ce fut toujours le cas, à celle d’Haman, descendant d’Agag, ennemi de Saül en son temps : 1 Sam 15,7-8; Exode 17,13 à 16

b) son lien de parenté avec Esther : il était à la fois le cousin et le tuteur d’Esther : 2,7. En remplaçant le père qu’Esther avait perdu, peut-être au cours des combats liés à la déportation, Mardochée entrait déjà dans la volonté de Dieu et le rôle divin préparé pour lui à l’intention de sa cousine : Ps 68,6; 27,10; 10,14. Ce n’est pas d’abord dans l’accomplissement de grandes choses, mais dans la fidélité dans les petites que se remarque la vocation d’un futur homme de Dieu : Luc 16,10-11; Mat 25,23

c) ses attitudes dans la situation dans laquelle il est placé :

1) vis-à-vis d’Esther, sa protégée :

- il veille sur elle en lui indiquant de façon précise quel comportement elle doit adopter dans la situation nouvelle dans laquelle elle se trouve : v 10. Il imite en cela les recommandations particulières données par Jésus à Ses disciples en ce qui concerne leur attitude et la conduite à tenir dans ce monde : Mat 10,16.

Toutes les situations dans lesquelles se trouve le peuple de Dieu ne se ressemblent pas. Tantôt il jouit d’une grande liberté de culte et de mouvement : il en profite alors pour témoigner ouvertement de sa foi et pratiquer sans crainte sa " religion ". A d’autres moments, il vit sous la férule d’un gouvernement totalitaire et sectaire qui ne tolère aucun culte ni aucune forme d’adoration que celle préconisée officiellement : il fera tout alors pour ne pas provoquer inutilement des représailles et la persécution, mais agira avec prudence en veillant à ne pas faire étalage sans discernement de ses convictions et de son identité tout en ne reniant rien d’elles dans la vie personnelle et privée : Esther 3,8. Nul doute cependant ici que le fait pour le roi de ne point s’enquérir de l’origine et de l’identité de la nouvelle reine soit un oubli qui ressort davantage de la souveraineté de Dieu que de la simple négligence humaine !

- il continue, malgré le fait qu’elle ne soit plus sous sa protection directe, de manifester envers elle une sollicitude et une attention paternelles quotidiennes : v 11. Ce qui le préoccupe ici, dit littéralement le texte, est de connaître la paix d’Esther, c’est-à-dire dans quel état d’âme se trouve sa protégée au milieu des autres femmes du harem.

N’est-ce pas là également, depuis Son départ, l’attitude de notre Seigneur envers les Siens restés dans ce monde : Jean 16,27-28. Bien que nous ne le voyons pas, Il est là chaque jour que Dieu fait, veillant sur nous et étendant Ses regards pour soutenir tous ceux dont le coeur est tout entier à Lui : 1Chr 16,9; Mat 28,20. C’est de notre paix, c’est-à-dire de la qualité de la relation que nous avec Lui qu’Il s’enquiert tout d’abord. Il sait en effet que, quelles que soient les circonstances, si notre coeur peut rester dans le calme et la confiance, nous pourrons alors être forts : Esaïe 30,15. Si, par contre, nous sommes rongés par la peur et l’inquiétude, les pensées les plus folles agitent alors notre âme et font naître en nous les raisonnements les plus insensés et les plus impies : Esaïe 57,19 à 21; Phil 4,6-7. Que notre Dieu soit béni pour ce souci quotidien qu’Il a de notre paix, c’est-à-dire de notre bien-être et de notre sécurité dans la foi !

- il reste pour elle l’autorité suprême à laquelle elle se réfère même après son mariage avec Assuérus : v 20. Une réalité qui nous rappelle quelle place doit toujours garder pour nous notre Seigneur en toutes situations. Il est le Seigneur à qui nous devons soumission en premier et avant tout autre :
. les parents : Luc 2,48-49
. le conjoint : Luc 14,26
. les autorités humaines : Actes 4,18-20

Notre soumission aux hommes ne peut se faire que dans la mesure où elle n’empiète pas sur la soumission première que nous devons à Dieu. Notons ici la prouesse d’Esther qui réalise dans sa situation le difficile défi de plaire à son mari paien, d’obéir à son tuteur juif et de rester fidèle à son Dieu et à la foi de ses pères !

2) vis-à-vis d’Assuérus, son souverain :

- bien qu’en exil dans une patrie qui n’est pas la sienne, soumis par contrainte à une autorité qu’il n’a pas choisie, Mardochée ne fait preuve dans la situation d’aucune réaction de révolte et d’amertume. Au contraire, il manifeste à l’égard d’Assuérus une parfaite loyauté : v 21 à 23 qui, en son temps, ne sera pas oubliée : ch 6. Il suit en cela l’attitude et les recommandations :
. de Jésus à l’égard de nos ennemis : Mat 5,44
. de Jérémie, le prophète, qui avait parlé d’avance en son temps dans ce sens pour cette situation : Jér 29,7

Remarquons encore une fois de plus le lien étroit existant ici entre la fidélité d’un homme à son devoir et son utilisation par Dieu dans Ses desseins et Son plan souverains. Même souveraine, l’oeuvre de Dieu ne se fait pas sans ou en dehors de nous. Au contraire! La fidélité et l’obéissance des hommes de Dieu à Sa parole est le point d’ancrage sur lequel souvent Dieu s’appuie pour réaliser les grands desseins de Son coeur . Autres exemples :
- Joseph en Egypte : cp Gen 40,14; 41,9 à 14
- Moïse : Héb 11,24-25; Actes 7,23 à 35
- Daniel : Dan 6,11.27 à 29
- plus près de nous, Martin Luther par exemple

Mardochée sait de plus une chose : c’est que depuis son mariage avec le roi, le sort d’Esther est lié au sien. Il a donc tout intéret à veiller à la fois sur lui et sur elle, sachant, selon le proverbe connu, que les amis de nos amis sont nos amis, mais que leurs ennemis sont aussi les nôtres : cf Luc 9,50. Notons ici encore combien la recommandation au silence donnée par Mardochée à Esther sur son origine était judicieuse. Sans elle, nul doute que les deux eunuques du roi fâchés contre lui auraient été plus prudents et n’auraient pas, comme ils l’ont fait, parlé de leur projet criminel en sa présence. Si un peu de folie peut l’emporter sur la sagesse, le contraire dans certaines situations est aussi vrai : Eccl 10,1.

2) Esther :

a) situation et origine :

- son nom d’origine est Hadassa qui signifie myrthe, " un arbuste humble dont les feuilles odoriférantes sont toujours verdoyantes " (Bible annotée). Peut-être sous cette image discerne-t-on déjà quelques-uns des traits forts de la personnalité de la future reine :
- humble
- pleine de vie (pleine de sève)
- pleine de grâce (parfum)
toutes qualités qui ne peuvent que plaire et séduire un homme !

- elle était orpheline, ayant perdu père et mère très tôt (peut-être au cours des guerres menées par Nébucadnetsar contre Israël et Juda ou des déportations qui s’ensuivirent). Sa situation la plaçait de fait , par sa nationalité et son état, sous l’oeil attentif de la bonté et de la miséricorde de Dieu : Ps 68,6; 10,14.
- elle fut adoptée par Mardochée, son cousin, qui pratiqua à son égard les oeuvres d’une religion conséquente, pure et sans tache : Jac 1,27

b) ses qualités :

- sa qualité première la plus visible était sa très grande beauté : 2,7. Une qualité qu’elle partage avec d’autres femmes de la Bible :
. Sara, femme d’Abraham : Gen 12,11-14
. Rébecca, femme d’Isaac : Gen 24,16
. Rachel, femme de Jacob : Gen 29,17

Ce trait de ressemblance d’Esther avec les 3 femmes les plus importantes d’Israël (Dieu n’est-Il pas d’abord le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob : Actes 3,13) ne la place-t-elle pas dans l’histoire sur un niveau aussi élevé qu’elles ?

Note : contrairement à ce que nous pensons parfois, Dieu n’est pas ennemi de la beauté. " Il fait toutes choses belles en son temps, dit l’Ecclésiaste : Eccl 3,11 ". Il fera paraître l’Eglise, l’épouse de Son Fils, glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut : Eph 5,27. Même si la beauté suprême se trouve pour Lui exprimée dans la sainteté : 1 Pierre 3,1 à 4, Il ne répugne pas à ce qu’une femme se fasse belle et cherche à plaire à son mari : 1 Cor 7,34; Cant 1,8.15; 2,10.13; 4,1.7; 6,10; 7,7. Sachons admirer au travers de tout ce qui est beau dans la création l’intelligence du plus grand Esthéticien : Dieu, le Créateur.

C’est grâce à sa beauté, visible dans son apparence mais aussi dans son caractère (2,7 : litt : belle d’apparence et bonne d’aspect) qu’Esther gagna d’abord la faveur d’Hégaï, gardien des femmes, puis d’Assuérus, roi de Perse : 2,9.17.

- son autre qualité majeure qui apparait dans ce texte est sa docilité et sa soumission, envers Mardochée, son tuteur : 2,10 et 20, mais aussi envers Hégaï, gardien des femmes, son conseiller en la circonstance : 2,15. Ainsi, malgré son élévation, Esther " n’attrapa pas la grosse tête ". Elle sut rester ce qu’elle est et garder les attitudes spirituelles qui avaient marqué sa vie jusqu’alors. Une belle illustration de la valeur des principes acquis dans l’éducation dès l’enfance pour la vie d’adulte : Prov 22,6.

Notons ici la sagesse de la recommandation de Mardochée qui demande à Esther de garder le silence sur son origine. Une telle information ayant été connue, Esther aurait-elle trouvée grâce aux yeux d’Hégaï et du roi ? Et si Esther n’avait pas obéi à son oncle, n’aurait-elle pas, pour une parole prononcée trop rapidement, fait échoué le plan de Dieu ? L’obéissance (ou la désobéissance) à un détail de la volonté de Dieu peut paraître une petite chose, mais elle peut en entraîner de très grandes : cf Gen 3,1; Jac 3,4-5.

C) L’élection d’Esther :

A la première lecture, le récit de l’élection d’Esther à la place de Vasthi apparait comme un beau conte de fées (Cendrillon). Réalisons-nous cependant le prix personnel qu’il dut en coûter pour la future reine :
- sa séparation pendant un an d’avec Mardochée, son protecteur qui avait su si bien remplacer ses parents disparus : v 12
- son obligation de se soumettre à des rites et des procédures qui, naturellement, auraient pu la rebuter :
. la période des apprêts : v 12 : un an pendant lequel elle ne put sans doute pas participer aux fêtes religieuses vécues par son peuple
. le test de la nuit passée avec un roi paien : v 13

Cette histoire nous rappelle que les voies de Dieu pour les Siens, appellés à être acteurs de Son plan dans l’histoire, ne passent pas toujours par leurs convenances ou les chemins qu’ils auraient choisi :
- Joseph aurait-il de lui-même, si Dieu ne l’y avait contraint, choisi la voie de l’esclavage et de la prison pour finalement servir Dieu et sauver ses frères : Gen 50,19-21
- Jésus Lui-même n’aurait-Il pas préféré éviter le chemin de la croix s’Il avait pu accomplir autrement Sa mission de salut pour le monde : Mat 26,39

Ainsi, pour chaque serviteur de Dieu appellé à une mission de salut, le chemin passe-t-il par le renoncement et le dépouillement de soi-même, de ses plans, ses souhaits ou ses rêves personnels pour une identification complète à la pensée et la volonté de Dieu. Ce n’est souvent qu’au bout du chemin que nous réalisons, en fin de compte, que celle-ci était la plus bonne, la plus agréable et la plus parfaite : Rom 12,2. En attendant, nous devons marcher par la foi, confiants en Dieu qu’Il sait ce qu’Il fait et ne nous trompera pas quant à la nature de Ses intentions pour nous : Jér 29,11

D) Conclusion :

Nous ne sommes qu’à la fin du chapitre 2 et, déjà, avant qu’apparaisse le personnage qui incarne le mal, tous les dés sont jetés pour la suite de l’histoire :
- Esther, de nationalité juive, occupe la place de reine aux côtés d’Assuérus, le roi
- Mardochée a eu l’occasion de s’illustrer positivement devant le roi. Même si l’incident est oublié, les chroniques royales dans lesquelles il est inscrit pourront le rappeller en temps voulu.

Une réalité qui nous rappelle que, dans le grand plan de l’histoire, Satan ne vient jamais en premier mais en second. La toute-puissance et l’omniscience n’appartiennent qu’à Dieu seul et tous ceux qui s’opposent à Lui, quel qu’ils soient, en feront tous tôt ou tard les frais. Que Dieu nous donne, en tant que peuple élu, de garder en Lui la foi quand bien même le mal parait triomphant et que rien ne semble l’arrêter. Christ, assis sur Son trône, est celui qui, dans l’histoire, a le dernier mot : Héb 10,12-13

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